Suis-je Catholique ?

Notre_Dame_de_Paris_DSC_0846wRien n’est moins sûr d’après ce que l’on peut lire sur la toile en ce moment. En effet, on assiste depuis quelque temps à une jolie offensive de quelques personnes contre un journal, des blogueurs ou  des personnalités qui ne seraient pas « vraiment » catholiques. Rien de bien nouveau, me direz-vous… Les tradis tapent sur les progressistes en leur disant qu’ils sont des protestants qui s’ignorent, tandis que ces derniers s’en prennent à l’intégrisme de ceux qu’ils considèrent presque comme des diables incarnés. Une nouvelle « case » vient même d’apparaître grâce au blogueur Koztoujours classé chez les « bisounours » par l’aile traditionaliste et chez les « papistes intolérants » par l’autre bord. Que des débats et des discussions animées existent entre ces différents groupes est une bonne chose, cela montre en effet que le fait religieux et l’Eglise sont des sujets importants, difficilement réductibles à la sphère exclusivement privée ou personnelle. Mais le débat est bon et souhaitable lorsqu’il concerne des idées et non des personnes.

L’Eglise a toujours eu en son sein une grande diversité de sensibilités, dont deux d’entre elles se sont souvent affrontées : l’une, défendant et mettant en valeur la tradition et l’enseignement millénaire de l’Eglise, contre l’autre, engagée pour le dialogue de l’Eglise avec le monde et l’adaptation du langage de son enseignement. On retrouve cette opposition dès l’origine de l’Eglise, dans les affrontements entre Pierre et Paul, même si elle n’était évidemment pas basée sur les mêmes sujets, Pierre étant plutôt un défenseur de la tradition juive dans l’Eglise tandis que Paul prônait une ouverture totale pour les païens et la suppression de certaines exigences « traditionnelles ». N’allez pas croire que je mets sur un pied d’égalité les revendications de Pierre et Paul et certains sujets sensibles du débat qui oppose de nos jours les « traditionnalistes » et les « progressistes ». D’ailleurs, si le débat avait eu lieu aujourd’hui, St Pierre aurait été critiqué par le camp tradi pour sa trop grande ouverture vers les juifs et St Paul aurait été nommé par les progressistes « plus grand prosélyte de tous les temps ». Je pense cependant que c’est ce dialogue entre la tradition et l’ouverture au monde qui  a permis à l’Eglise de progresser, de grandir et finalement d’être missionnaire. Comment expliquer sinon cette universalité des dogmes dans cette immense diversité culturelle ?

Mais ce dialogue fructueux ne peut se faire que s’il existe un respect et une écoute réciproque. Et je pense que c’est très mal débuter que de classer son interlocuteur dans une jolie case consciencieusement étiquetée « tradi » ou « progro ». D’abord parce que l’Eglise, même si elle abrite ce débat ne peux se résumer à celui-ci, Elle n’est pas formée de deux « armées » qui s’affrontent sous le regard de « civils » traités de « tièdes » ou de « mous ». Je n’ai pas besoin d’être un tradi ou un progressiste pour exister dans l’Eglise. Ensuite, parce qu’enfermer les gens dans des cases en les accusant n’est pas vraiment le meilleur moyen de les faire changer de camp. Quand on veut convaincre quelqu’un il vaut mieux lui donner envie de changer d’avis plutôt que de l’accuser d’avoir tort. Enfin, parce que chaque catholique construit sa foi non pas sur un groupe (si utile soit-il) mais sur la personne du Christ. Et quand on aime le Christ, on aime l’Eglise avec ses hommes imparfaits mais sa nature sainte. Il n’est plus alors question de tradis ou de progressistes mais de deux consciences attachées à deux richesses différentes dans l’Eglise qui peuvent alors se tourner vers l’extérieur et se mettre au service de l’Evangélisation. N’oublions pas que tout ce temps et cette énergie passés à nous disputer stérilement sur des questions internes, non seulement nous desservent, mais ne sont pas utilisées pour évangéliser…

Alors arrêtons les jugements hâtifs et inutiles sur telle ou telle personne, journal ou blog. Ne réduisons pas l’Eglise à une élite basée sur le même système de pensée ; personne n’est digne d’être catholique, c’est une grâce qui nous est donnée. Occupons nous plutôt de ceux qui se proclament non-catholiques avant d’accuser certains de non-catholicité. Personne de pourra détruire l’Eglise, ni l’Intégriste ni le Progressiste « pur-jus », ce qui détruit l’Eglise, c’est la division mais ce qui la construit  c’est l’amour du Christ et des autres.

A propos legambrinus

Buveur de bière extrémiste, Optimiste intégriste, Terroriste Papiste... et plus si affinité
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21 commentaires pour Suis-je Catholique ?

  1. Goéland dit :

    Ce qui est merveilleux, voire miraculeux, , c’est que l’Église continue à exister malgré notre bêtise et notre propension à excommunier à tout va. Heureusement que Dieu tient le gouvernail !
    Mais sinon, il me semble que l’essentiel est d’être traité de dangereux intégroïde par les progressistes, de sale gauchiste par les tradis, de jeune excité par les catholiques les plus âgés, de vieux réac par les jeunes chachas.. et malgré tout d’arriver à communier avec tous !

  2. lepetitchose dit :

    Que de belles formulations pour exprimer exactement ma pensée.
    Merci pour ça.
    @Goéland : mon essentiel est donc le même que le tien ^_^

  3. Bravo pour ce modèle d’équilibre charité / vérité. Bien que d’accord avec toi, mon clavier aurait dérapé et dépassé ma pensée.

    Le cas « Koz » est tout de même assez emblématique. Cela fait tout au plus 6 mois que je le lis, mais en m’amusant à remonter les archives, je n’ai pas mis trois jours à comprendre que Koz est avant tout un chrétien (et un citoyen) lambda, qui cherche une (ou des, ou sa, rayez la mention inutile) vérité(s), qui partage son cheminement avec ses lecteurs, qui peut faire preuve de mauvaise foi mais qui l’assume, etc., etc. Bref l’archétype du blogueur et, malgré son succès, amplement mérité, il demeure fidèle à son texte de lancement (et au titre de son blog). Il ne prétend représenter que lui-même. Ce qui est déjà beaucoup quand on veut soigner les choses.

    De plus, le savoureux de l’histoire est que l’attaque qui a suscité ton billet lui reprochait de prétendre représenter l’Église dans son ensemble, mais lui suggérait ensuite d’en représenter tout de même une partie.

    Le problème réside dans l’articulation de ce qui n’est un paradoxe que pour les imbéciles (ce n’est pas méchant, Bernanos utilisait beaucoup ce terme et c’était un bon chrétien) :
    1/ L’Église n’a pas besoin d’être uniforme pour être Une ;
    2/ L’Église, même composée de différentes sensibilités (et j’ai tendance à penser qu’il y a en a presque autant que de catholiques) n’a surtout pas besoin de Gourous sectoriels.

  4. Christophe Monégier du Sorbier dit :

    « (… ) parce que chaque catholique construit sa foi non pas sur un groupe (si utile soit-il) mais sur la personne du Christ. Et quand on aime le Christ, on aime l’Eglise avec ses hommes imparfaits mais sa nature sainte.  » J’aime… Surtout venant de la bouche de quelqu’un que je ne connais pas… C’est beau et c’est grand l’Eglise ! Pour rien au monde je ne m’en séparerai.

  5. Procedamus dit :

    Pour ma part, on peut dire que je suis de la branche tradi; en tout cas amateur et fidèle régulier de la forme extraordinaire de la Messe. Néanmoins, je ne crois pas être une caricature du tradi mytho, mili, pêchu qui s’attaque à tout ce qui ne pense pas comme lui (si, si je vous assure, il en existe; se sont même de véritable « magistères ambulents »).

    Je trouve votre comparaison avec les Saints Pierre et Paul un peu tiré par les cheveux; mais reste d’accord avec vous sur la nécessité du dialogue. J’irai même plus loin, je suis à peu près convaincu d’une plus forte proximité qu’on ne le pense entre la majeure partie des lecteurs du Salon Beige et ceux de Koztoujours.

    Néanmoins, persiste me semble-t-il un clivage qui a du mal à s’atténuer : la concurrence entre charité et Vérité.
    Je m’explique.
    Les uns insistent sur la relation à l’autre, l’attention à ne pas blesser au risque quelques fois de manquer de pragmatisme, de virer « bisounours » et à l’occasion d’émettre des opinions un peu en marge du magistère.
    Les autres insistent sur la doctrine et examinent la correspondance de toute prise de position avec l’enseignement de l’Eglise. C’est leur force, mais c’est aussi très souvent leur faiblesse. Ils usent en effet de l’argument d’autorité (qui est le plus faible) sans expliquer et sans prendre garde à la forme de ce qu’ils défendent au point de manquer de manière flagrante à la charité.

    La Vérité doit toujours être exprimer avec douceur si l’on veut la communiquer sinon, effectivement, on la rend repoussante.
    La Charité ne doit pas quant à elle être naïve et, en quelque sorte, manquer de virilité. La charité ne peut réellement s’exercer que dans la fidélité aux principes.

    Tout cela pour dire que bien souvent les affrontements dont vous parlez sont plus dus à une différence de perspective qu’à des positions opposées.

    En ce qui concerne la fameuse lettre de François H dont je n’ai lu que des extraits je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous.
    Indépendamment de la forme (que je laisse de côté puisque je n’ai pas lu l’intégralité de la lettre) le fond fait écho à mes propres interrogations sur le journal La Croix que depuis un an j’ai l’occasion de feuilleter régulièrement sans y être abonné.

    Si l’information est très bien assuré, la défense de la Foi, de la morale, du ministère pétrinien semble ne pas être une préoccupation majeure du journal. En tout cas, il y a souvent des imprécisions doctrinale me laissant penser que le journal chercher plus à plaire au monde qu’à l’enseigner.

    C’est un point de vue personnel, qui ne remet en cause ni l’utilité, ni la qualité du travail des journalistes; seulement pour ma part j’attends plus d’un journal catholique.

    • Goéland dit :

      « La Vérité doit toujours être exprimée avec douceur si l’on veut la communiquer sinon, effectivement, on la rend repoussante.
      La Charité ne doit pas quant à elle être naïve et, en quelque sorte, manquer de virilité. La charité ne peut réellement s’exercer que dans la fidélité aux principes. »

      Je trouve ces réflexions très pertinentes, elles sont bien complétées par ce texte, issu du cérémonial du départ routier :
      « Veux-tu, en toute chose, rechercher humblement le vrai et servir librement l’ordre retrouvé sans écraser les autres sous le poids de ta découverte ?
      Oui, je le veux. »

  6. Procedamus dit :

    PS: une prévisualisation m’aurait été bien utile pour corriger les fautes d’orthographe…

  7. pourquoisecompliquerlavie dit :

    @LeGambrinus et @Procedamus

    Bravo pour le billet et le commentaire. Le billet parce que c’est vrai que l’Eglise est en permanence l’objet d’oppositions internes :
    – celles qui se résolvent sans rupture pemettent ensuite d’augmenter notre connaissance théologique
    – celles qui ne résolvent pas ont abouti à des hérésies et/ou des schismes… Les disputes sur les rites ne sont pas bien graves, il y a tant de rites dans l’Eglise. Celles sur le dogme sont, elles, très lourdes de conséquences.

    Je suis complètement d’accord avec la relation Charité Vérité décrite par @Procedamus. Il faudrait d’ailleurs décrire aussi les interactions faute/punition et péché/pardon ….

  8. legambrinus dit :

    @Goeland @lepetitchose @HenryleBarde Merci pour vos commentaires, on est bien d’accord… 🙂

    @Christophe Monégier du Sorbier Merci aussi, je serais ravi de vous rencontrer un de ces jours autour d’une bière (oui, on ne me refera pas…)

    @Procedamus Heureux de vous voir venir jusqu’ici pour illustrer ce que j’ai dit sur la diversité de l’Eglise. Je ne vous reprocherais surtout pas vos quelques fautes d’orthographe étant moi même un pratiquant régulier en la matière…

    Je vous accorde bien volontiers que ma comparaison avec St Pierre et St Paul était un peu osée, vous avez d’ailleurs bien compris apparemment ce que je voulais illustrer par là, c’est à dire l’importance du dialogue dans l’Eglise et la « longévité » des différences de sensibilités en son sein.

    Vous abordez ensuite un sujet très intéressant sur le dialogue entre Charité et Vérité, qui comme vous le faites remarquer très justement est à l’origine de nombreuses différences de perspectives au sein de l’Eglise qui conduisent malheureusement quelquefois à des oppositions stériles.Sur cette question, J’ai tendance à penser que la Charité est essentielle pour la proclamation de la Vérité, comme si la première permettait _pardonnez-moi l’expression_ « de faire passer la pillule ». Effectivement, la tentation est grande de cacher ou de restreindre la vérité mais rien de nous oblige à assener cette Vérité en une seule fois de manière brutale et, bien souvent dans ces cas là, en en faisant une loi, un règlement vu de manière très extérieure. Dans la Foi, tout est une histoire de progression et celui à qui on cache la Vérité n’avance pas plus que celui à qui on l’a assené en une seule fois. Je rajouterais qu’en vivant une Charité véritable, on se rend vite compte que celle-ci est très exigeante et qu’elle n’a rien a voir avec un philanthropisme béat et finalement egocentrique. De la même manière, la Vérité n’a rien a voir avec une norme inflexible, c’est une parole vivante qui nous pousse de plus en plus à nous décentrer de nous-même pour nous tourner vers le Christ et les autres. Finalement la question n’est donc pas de savoir si tel ou tel groupe est plus dans la Vérité ou la Charité, mais de regarder comment, moi, je vis ces deux aspects inséparables de la Foi. Je reconnais que bien souvent j’ai tendance à mettre en avant la Charité et en dissimulant ou en atténuant la part de Vérité qui devrait y être associée, je ne suis pas juste envers celui qui est en face de moi et mon évangélisation devient alors une entreprise de séduction (mon démon attitré l’a compris bien avant moi, l’enf***é…).

    Concernant le journal la Croix, je comprends tout à fait que vous ne vous reconnaissiez pas dans certains de ses articles puisque c’est aussi le cas pour moi. Cependant, je pense que ce journal est l’un des seuls quotidiens nationaux à traiter les affaires religieuses avec compétence. Effectivement, la défense inconditionnelle du Pape et du Vatican ne semble pas faire partie de leur ligne éditoriale, mais peut-on reprocher à un journal lu par 300 000 personnes chaque jour de s’efforcer d’adopter un ton neutre, ce qu’il réussit d’ailleurs assez bien dans les domaines non-religieux ? J’ai croisé certains de leurs journalistes à Rome et je peux vous dire que c’était des gens très compétents dans leur domaine même si il n’avait pas forcément la même sensibilité que moi. Un de mes défauts est sans doute de toujours chercher le bon côté des choses et je pense que La Croix, grâce à sa diffusion, parvient quand même à donner des informations claires sur l’Eglise à un grand nombre de personnes; à leur manière et avec leur style que je trouve quelquefois irritant il contribue quand même à la diffusion du message de l’Evangile. Enfin, ce qui me gène le plus dans la critique de François H., c’est qu’il n’y a aucune mention de l’évolution, lente mais bien réelle, de la ligne éditoriale de La Croix vers quelque chose de, justement, plus « catholique ».

  9. Polydamas dit :

    De la même manière, la Vérité n’a rien a voir avec une norme inflexible, c’est une parole vivante qui nous pousse de plus en plus à nous décentrer de nous-même pour nous tourner vers le Christ et les autres.

    Heu, bien évidemment que l’argument d’autorité n’en est pas un. Mais il y a tout de même des principes qui sont intangibles, qu’il faut très clairement étayer à la lumière de la charité, mais qui restent et demeurent inamovibles. Quant Isabelle de Gaulmyn soutient publiquement l’ordination des femmes, elle sait qu’elle va à l’encontre de la doctrine de l’Eglise, et pourtant elle ne le dit et ne le rappelle nulle part.

    Il y a quand même un problème à être investi d’une mission et à tenir publiquement des propos qui vont à l’encontre de cette mission. Par exemple, je suis le premier pécheur, c’est clair, mais j’espère qu’à aucun moment, je n’utiliserai mes fautes pour remettre en cause la doctrine catholique sous prétexte que ce serait intenable, que l’Eglise doit s’adapter, etc.

  10. legambrinus dit :

    Mais il y a tout de même des principes qui sont intangibles, qu’il faut très clairement étayer à la lumière de la charité, mais qui restent et demeurent inamovibles

    On est bien d’accord… d’où mon image de la « pillule » qui ne passe que par la charité et la douceur comme l’a bien dit Goéland.
    Isabelle de Gaulmyn pense ce qu’elle veut de l’ordination des femmes et autres revendications des années 70 et il est effectivement dommage qu’elle en soit encore là quand on voit tout ce que Jean Paul II et Benoit XVI ont pu dire et faire pour la place de la femme dans l’Eglise (c’est un autre sujet que je serais ravi d’aborder avec elle) mais :

    – La Croix de se résume pas à l’avis de Mme de Gaulmyn
    – Mme de Gaulmyn peut tout à fait changer d’avis un jour et je le souhaite
    – Elle s’exprime sur des sujets qui malheureusement tracassent encore beaucoup de ses lecteurs, pour moi c’est plus un appel pressant à l’Evangélisation…
    – J’ose espérer (sans doute naïvement) que personne ne base sa foi sur des articles de journaux si bons soient-ils…

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  12. do dit :

    pourtant l’Evangile le dit bien: celui qui dit « Jésus est Seigneur » a reçu l’Esprit Saint (c’est exactement ce qui s’est passé pour moi lorsque j’ai reçu l’Esprit Saint: rien de sensible ni d’extraordinaire, mais en un jour, c’est comme si j’avais avalé le catéchisme de l’Eglise catholique, alors que je ne savais même pas ce que c’était: tout à coup, Jésus était Dieu, il était présent dans le Saint Sacrement, l’Eglise (= Marie) était ma mère et les 10 commandements étaient une évidence).

    donc celui qui croit à la divinité de Jésus est chrétien (catholique ou pas, après, c’est autre chose, c’est plutôt historique et de plus en plus résiduel chez les convertis de nos jours), et celui qui n’y croit pas, ne l’est pas.

    Après, c’est surtout des histoires d’orgueil. Se croire plus malin que quelqu’un qui a fait des tas d’années d’études et croire qu’on va pouvoir discuter avec lui d’égal à égal sur des questions hyper pointues, ça relève un peu du délire… Moi, j’irais pas discuter avec un docteur en sciences nucléaires pour lui démontrer que j’en connais plus que lui sur la fusion atomique! même si j’ai lu le dernier sciences et vie. Mais on ne lâche son orgueil que quand on y est obligé, face à la souffrance ou à la mort. alors bon, on va pas souhaiter ça non plus. Que Jésus s’en occupe, on n’a juste à le prier et faire chacun de notre mieux. je crois que’on est responsables les uns des conversions des autres, par la prière et les petits (ou gros) sacrifices. Parler, c’est plus facile, c’est tout.

    • legambrinus dit :

      Deux petites choses :
      Tout d’abord je ne pense pas que l’appellation de chrétiens regroupe seulement ceux qui croient en la divinité de Jésus, mais plutôt ceux qui croient que Jésus est le messie attendu par Israël. En effet la question de la divinité de Jésus a été l’occasion de bien des discussions, conflits voire même schismes à l’intérieur de l’Eglise dès son origine. Mais tu as raison de souligner que la séparation originelle des églises (catholiques, orthodoxes et protestantes) est bien souvent basée sur des différents précis et (au départ en tous cas) peu évidents à saisir. Le temps a fait que certaines Eglises se sont rapprochées à nouveau de l’Eglise Catholique (orthodoxes, certains anglicans…) tandis que d’autres en sont maintenant très éloignées comme certaines églises évangéliques ou baptistes.
      Ensuite, la place de l’orgueil dans ces disputes et ces oppositions internes est certaine. J’irais même plus loin en disant que l’orgueil est à la source de la plupart des péchés : je suis bien assez fort pour me débrouiller tout seul et donc sans Dieu. Je ne crois pas qu’il puisse être vaincu uniquement devant la mort ou la souffrance mais aussi quand on demande la grâce de l’humilité ou simplement en reconnaissant la grandeur de Dieu et des personnes qui nous entourent. L’orgueil renferme tandis que l’humilité ouvre. Je suis toujours frappé de voir l’humilité des grands savants (qui sont rarement ceux qui se proclament comme tels) ou des grands hommes en général . C’est justement cette humilité qui leur permet de devenir meilleurs (au sens moral mais aussi dans leur talent qui continue à s’ouvrir). Alors comme tu le dis : prions, aimons et agissons et le monde sera meilleur !

      • do_marie dit :

        bon, ben oui.
        juste quand je dis que l’orgueil ne peut céder que devant des trucs graves, c’est quand il est endurci, quand on n’a pas été éduqué à l’humilité, par nos parents ou par la grâce. Mais oui, la prière obtient tout! ça aussi probablement. c’était un peu radical (pour schématiser).

        sinon, je pense que c’est surtout la divinité de Jésus qui est fondatrice parce que c’est à cause d’elle qu’on prend l’Evangile comme Parole de Dieu, et qu’on peut suivre l’Eglise.
        et puis aussi sans doute parce que c’est ce qui m’a été infusé en premier au moment de ma conversion.
        Mais il y a peut-être d’autres chemins: par exemple pour un juif converti au catholicisme, c’est peut-être bien le messianisme qui est premier lorsqu’il rencontre la personne de Jésus.
        c’est tout imbriqué.
        Il y a aussi des gens qui commencent par rencontrer Marie, d’autres, c’est la présence de Jésus dans le Saint Sacrement, c’est vrai qu’il y a beaucoup de chemins.

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  15. Mike dit :

    Article interressant mais je ne partage pas l’exemple choisi (en étant conscient que c’est un exemple) de Pierre defenseur de la tradition juive par opposition à Paul symbole de l’ouverture aux paiens. Paul est sans doute le symbole par excellence de l’ouverture aux paiens, mais le symbole de la defense de la tradition juive, ce n’est pas Pierre mais Jacques. Pierre est entre les deux, d’où le fait qu’il est pris en deux feux, se fait en quelque sorte taper des deux côtés, comme d’ailleurs quelqu’un d’autre aujourd’hui.

    • legambrinus dit :

      Merci pour la précision, j’avais en tête une période des actes des apôtres où Pierre prend justement le parti de la circoncision obligatoire contre Paul. Vous faites bien de rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi.

  16. Ségo dit :

    Voilà une conversation qui met des mots sur une vraie querelle de clocher!

    J’appuie totalement vos propos, Gambrinus, quand vous parlez de l’approfondissement de nos rapports propres à la vérité et à la charité.Il me semble qu’avant de se prononcer, il est nécessaire de lire cette vaste querelle à une autre échelle – l’échelle individuelle. N’étant jamais totalement convaincue, ni par l’hyper-vérité, ni par l’hyper-charité (et les courants spirituels s’y rattachant respectivement), tendant au gré des rencontres tantôt vers l’une, tantôt vers l’autre, j’avoue que je n’ai pas encore trouvé d’équilibre, de « niche spirituelle » satisfaisante, et cette recherche est l’objet d’un débat interne récurrent – il semblerait que le débat extérieur que vous décrivez, Gambrinus, s’impose comme un schéma grandeur nature de nos états internes, nous servant des exemples de « personnes ayant tranché » sur toutes les questions qui nous traversent!

    Or pour soutenir et enrichir notre vécu spirituel propre, relation intime au Christ, strictement particulière – il est important de se trouver cette fameuse alcôve au sein de l’Eglise, où épanouir le saint-en-constant-devenir qui sommeille en chacun de nous. D’aucuns la trouveront chez les gardiens de la vérité/de sa transmission, d’autres chez ceux de la charité/du dialogue évolutif. Mais au-delà de ce « grossier » clivage, existe-t-il dans l’Eglise d’autres sous-branches actives, dont le charisme profond est justement la recherche de l’équilibre harmonieux entre ces deux attitudes?

    ..parce qu’apparemment, on ne naît pas « doux comme la colombe, prudent comme le serpent »(Mt 10, 16-25 pour le texte ad integrum – et au passage, merci Google pour les références bibliques) – on le devient!!! Enfin, personnellement, j’en rêve ;-).

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